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La route, le vent dans vos cheveux soyeux, la lune à l’horizon, les bruits chelous et les anomalies ectoplasmiques… C’est la vie que j’ai décidé de vivre avec Pacific Drive, un jeu d’exploration/survie à la difficulté pas piquée des hannetons, mais qui offre des moments de satisfaction absolument grisants
Test effectué à partir d'une version PC
S’il y a bien une chose que Pacific Drive réussit avec brio, c’est de parfaitement capturer son ambiance unique, ce qui en fait un jeu des plus atmosphériques et immersifs de ce début d’année. Vous, votre voiture et la radio, partez à l'aventure dans une vallée lugubre et inquiétante remplie de dangers et de menaces surnaturelles. Explorer une forêt sombre à la recherche de pièces détachées tandis que des bruits étranges et des lumières sinistres filtrent à travers les arbres qui vous entourent… Pacific Drive est une expérience incroyable, certes, mais parfois frustrante.
S’aventurer pour explorer un territoire dangereux afin de récolter des matériaux pour améliorer votre véhicule pourra vous coûter cher. Surtout lorsque la réussite de votre sortie ressemble davantage à un pari quitte ou double alors que vous naviguez prudemment entre un milliard de dangers qui vous guettent. Le début du jeu, qui se fait en relative douceur, contraste avec le milieu de l’aventure et sa courbe d’apprentissage abrupte, mélangeant une tonne d’informations à digérer et votre apprentissage long et complexe des mécaniques du jeu.
Road trip vers l'inconnu
L'histoire commence lorsque vous êtes aspiré par la zone d'exclusion Olympique, un nid de phénomènes étranges causés par un accident scientifique passé. Des anomalies déchirent le sol de manière imprévisible, déclenchent des pluies acides et des tempêtes électriques de manière aléatoire ; des créatures et des machines étranges parcourent la zone à la recherche de victimes, ou peut-être d'amis ? Le fait est que rien ici ne vous chasse activement, mais tout est indéniablement dangereux. Votre semblant de salut se matérialise en une voiture (une véritable chiotte) abandonnée lors de la catastrophe. À la fois refuge, outil, et transport, ses étranges capacités vous maintiennent en vie, mais elle est liée psychiquement à vous et finira par vous rendre fou si vous ne vous échappez pas de la zone et ne brisez pas ce lien entre elle et vous. Pour y parvenir, vous devez entreprendre des voyages de plus en plus risqués pour collecter ce dont vous avez besoin, survivre aux attaques de la zone et retourner à votre garage pour améliorer votre voiture, la réparer et réessayer.
Que vous vous attaquiez à un objectif de quête ou que vous partiez simplement à la recherche de matériaux, la routine reste la même. Vous choisissez un emplacement, puis vous explorez les bâtiments et les voitures épaves à la recherche de ferraille, de plastique et d'autres ressources que vous pourrez ensuite utiliser pour réparer votre voiture grâce à un système de fabrication de fortune installé dans le coffre. Vous retournez ensuite à votre garage pour des réparations et un artisanat plus complexe. Avant de partir, vous devez collecter des ancres, des sources d'énergie qui maintiennent la zone stable. En tirer une déstabilise la zone environnante, mais alimente un dispositif qui vous permet de rentrer au garage. L'inconvénient ? L'activation du portail de retour déclenche une séquence mortelle. L'ensemble de la zone devient incontrôlable, libérant des dangers de plus en plus redoutables et une tempête radioactive qui se referme lentement sur vous, vous obligeant à foncer vers la sortie avant que votre voiture (ou vous) ne mourriez. Il faut savoir que votre garage est un lieu en dehors de la zone d’instabilité, vous permettant de vous poser tranquillement avant de repartir. Sachez également que si vous aviez blindé votre coffre de ressources et qu’il vous arrive de mourir pendant votre sortie, tout est perdu et vous êtes bon pour recommencer. Pire encore, la peine est double : vous devrez réparer votre voiture sans matériaux durement acquis pendant votre sortie ratée.
Dérapages incontrôlés
En termes de progression, l’aventure de Pacific Drive est assez inégale. Le premier acte est fantastique avec un sentiment d'émerveillement mêlé à de la méfiance alors que vous explorez les limites et apprenez les dangers de la zone d’exclusion Olympique. L'atmosphère est superbe, avec une bande-son géniale et une ambiance entre le glauque, le magique et l’étrange. Le fait d'améliorer votre voiture avec de meilleures pièces et de l'équipement de soutien procure un vrai sentiment d’accomplissement et devient vite addictif : on a envie de voir comment notre voiture résistera à la prochaine sortie. Seulement, arrive ensuite le grind du milieu du jeu : les zones deviennent mortelles quasi tout le temps, remplies de dangers comme des zones caustiques, des tremblements de terre et des explosions d'énergie qui rongent votre voiture ou la détruisent en un coup. Le charmant défi atmosphérique du début du jeu se transforme en une lutte acharnée qui semble souvent injuste et inévitable. Peu importe votre préparation, une seule menace aléatoire, un danger manqué ou une erreur au milieu du chaos peut détruire votre voiture. Et du coup, la frustration s’installe, voire le sentiment d’injustice, surtout lorsque vous n’avez pas les moyens de sauvegarder votre progression pendant les parties. Sachez également qu’il n'y a pas vraiment de système de sauvegarde pour vous aider, seulement une sauvegarde manuelle au garage ou une sauvegarde automatique au début de chaque étape. Pour les gens qui n’ont pas forcément un temps illimité de jeu, sachez que perdre toutes vos ressources après une galère d’une heure dans un marais, c’est pas le super fun. Croyez-moi.
Ces défis peuvent être surmontés, mais cela ressemble davantage à une préparation à une soirée S&M qu’autre chose. Quelle que soit votre expérience, certaines ressources restent difficiles à acquérir, d'autant plus qu'elles se chevauchent parfois avec des éléments clés à fabriquer, ce qui complique le remplacement d'éléments vitaux. C'est un vrai coup dur lorsqu'une pièce d'équipement cruciale casse et que vous ne pouvez pas la réparer immédiatement. L'équipement peut simplement devenir "usé", "rouillé" ou "peu fiable", des états irréparables qui ne laissent d'autre solution que le remplacement pur et simple. La galère est toujours présente et on a du mal parfois à remonter la pente lorsqu’on a « trop » perdu sur la sortie précédente.
Pacific Drive est un de ces jeux à multi-facettes. Malgré d'innombrables moments de frustration intense qui peuvent pousser à s’éloigner de l’écran en bouillonnant de rage, on cherche toujours à retourner sur le jeu plus déterminé que la fois d’avant. Il y a des moments d'exaltation et de réussite vraiment grisants, et le développement et l'amélioration de sa voiture restent toujours satisfaisants. Le jeu propose même des moments narratifs forts. Vos seuls compagnons sont des voix à la radio, mais elles sont drôles et attachantes et ces personnages s’inscrivent de manière cohérente au monde du jeu. Celui-ci, aussi dangereux soit-il, est intéressant à explorer et quand Pacific Drive est bon, il est vraiment très bon, mais le chemin pour y arriver est souvent long, ardu et un poil injuste.
